intoxicate15:02

 


 

 

Je ne vous apporte pas une esthétique, je vous transmets toute mon énergie.

≪ Toute la force que j’ai accumulée et contenue en moi peut enfin exploser et s’exprimer ≫. Nous dit Maia Barouh, pour décrire son ambitieux album, appelé KODAMA, reprenant les thèmes populaires des chants ruraux japonais sur un mode mêlant trans et électro débridé. Les rythmes résonnent en effet au pas fier d’une aventure internationale que le temps a mûri. Maïa est en forme. Cela fait trois ans qu’elle a déménagé à Paris, et voilà son premier CD depuis cinq. Accablée par la catastrophe du 11 Mars 2011, son inéluctable questionnement artistique l’a poussée vers les chants des régions du Nord-Est nippon.

≪ Pour commencer, j’ai attentivement écouté ces chants, et je les reproduisais quand ils m’intéressaient. Les reprendre en y ajoutant ma petite touche en vue de l’enregistrement de cet album m’a procuré beaucoup de plaisir. Je n’intellectualise pas la composition, je compte sur ma sensibilité et la vitalité des chants ruraux, l’énergie qui s’en dégage me plaisent beaucoup. Je me suis fait une mission de rapporter à mes contemporains des chants ancrés dans leur localité géographique. Leur transmission séculaire les a modifiés, et pourtant, la simplicité leur confère de la puissance. Les paroles ont une grande valeur, mais je veux que l’on comprenne ce que j’estime constituer le fond de leur essence. ≫

Si la tradition est un arbre aux racines profondes, pour en avoir capté la sève et l’avoir canalisée dans une sélection de chansons nouvelles, le résultat est sauvage et déjanté. On hésite entre les dénominations de Hyper Minyo ou de Folklore Electro. Notamment le morceau nommé ≪ Jongara ≫, reprenant les basses riff d’une collaboration antérieure avec l’artiste Shing O2, est d’une audace exquise. L’impresario Martin Messonier a supervisé la création de cet album fracassant dans tous ses travers. Maïa nous parle du collaborateur qui l’a suivie pendant ses expérimentations.

≪ Avec Martin, nous avons affaire avec un intellectuel de Cro-Magnon. Discuter ne suffit pas (rires). Mais la musique nous a permis de nous entendre. Il a une vision artistique déterminée qui m’a couté plusieurs performances je dois dire, et à postériori je pense qu’il m’a permis de trouver un équilibre pour l’adaptation des chants, entre leur mélodie et ce que je voulais en faire. Je sais qu’il a beaucoup de considération pour le processus de création artistique et la composition sonore. ≫

L’album est d’une couleur sonore étonnante par l’alternance de morceaux aux rythmes puissants et aux ambiances déroutantes. Le plus intéressant repose en cette sensation de flottement face a ces paysages sonores inexplorés.

≪ Je suis ténébreuse, une espiègle du genre plutôt méchante (rires). Ce qui serait génial, c’est que les non-initiés finissent par croire qu’il s’agit des vraies chansons folkloriques d’un pays lointain. Mais je ne pense pas que ça sera pour tout de suite (rires) ≫.